Le mercredi 24 novembre 2021, vingt-sept personnes sont mortes en tentant de traverser la Manche à bord d’un bateau gonflable, probablement percuté par un cargo. S’il y a un consensus à qualifier cet évènement de « drame », la responsabilité des différents acteurs fait quant à elle débat. Les pouvoirs publics, que ce soit au travers du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ou de la maire de Calais Natacha Bouchart, pointent le rôle des passeurs dans cette tragédie. Les bénévoles présents à Calais dénoncent eux une politique de l’État toujours plus répressive et punitive qui n’a aucunement vocation à aider les exilés.
Le 17 novembre 2021, une semaine avant cet évènement, est publié le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur « les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d’accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la France. ». Après plus d’un an d’enquête sur tout le territoire français, dont la ville de Calais, le président de cette commission Sébastien Nadot déclare dans l’avant-propos du rapport : « Le zinzin médiatique et le vertige électoral de quelques-uns ont fait perdre le Nord à tout le monde. À peine prononcé le mot migrant ou immigré que « Liberté – Égalité - Fraternité » se transforme, par fainéantise ou idéologie, en « peur – indifférence – humiliation et répression ».
À travers cette série, je tente de relater des parenthèses de vie que j’ai pu observer en étant à Calais, une ville emprunte d’une dualité constante. Les choix politiques depuis vingt ans tendent à l’éloignement des exilés de la vie sociale de Calais. Cependant des réseaux d’entraide et de soutien, entretenus par des calaisiens et par des bénévoles ont depuis toutes ces années donné naissance à une vi(ll)e parallèle.
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